La
Société d’Histoire Naturelle du Jura est une très ancienne
association lédonienne, puisqu’elle date de 1908. Nombreux sont ses membres qui ont, peu ou prou,
œuvré à la connaissance du terroir jurassien et de ce simple fait,
nous ont permis de connaitre un peu mieux la diversité des espèces
animales et végétales de notre département. Il nous a paru, dans
le cadre de ce bulletin, intéressant de rendre hommage à certains
de nos anciens qui ont, par leurs études parfois très poussées,
permis :
-
de recenser certaines espèces, recensement qui aujourd’hui encore
reste une base pour l’étude de l’évolution des biotopes
-
ou de faire de l’écologie avant l’heure.
Honneur
en premier, au deux créateurs :
M. MOUROT
Professeur à
l’école normale et
M. MARQUISET
secrétaire de l’inspection académique tous deux naturalistes passionnés de mycologie qui en février 1908 créent l’Association Mycologique Jurassienne qui deviendra le 26 janvier 1919 la Société d’Histoire Naturelle du Jura.
secrétaire de l’inspection académique tous deux naturalistes passionnés de mycologie qui en février 1908 créent l’Association Mycologique Jurassienne qui deviendra le 26 janvier 1919 la Société d’Histoire Naturelle du Jura.
M. Louis LEBRUN :
Mort à Lons le 23 mai 1922, professeur au
lycée de Lons le Saunier, passionné par la préhistoire du Jura, il
fut un membre actif de la SHNJ dés sa création en 1908 (secrétaire,
vice président, président). Il était aussi membre de la Société
d’Emulation. Il fit quelques communications, notamment la
description des principaux objets trouvés dans la cité lacustre de
Clairvaux (1905-1906), un catalogue de quelques monnaies trouvées à
Saint Etienne de Coldres (1909 et 1917), les enceintes et défenses
préhistoriques de la région de Dole (1915).
M.
Narcisse Théophile PATOUILLARD:
né à Macornay le 2 juillet
1854, mort à Paris le 30 mars 1926, ce grand mycologue de renommée
mondiale fut membre d’honneur de la SHNJ et jusqu'à sa mort il
publia des articles dans le bulletin annuel de la société. Il fut
l’un des quinze pharmaciens fondateurs de la société
mycologique de France dont il deviendra président après
Quélet et Boudier. L’académie des sciences lui décerne le prix
Montagne pour son ouvrage intitulé « Tabulae analyticae
fongorum : Descriptions et analyses microscopiques des
champignons nouveaux, rares ou critiques ». Il fut membre
honoraire de la Britsh Mycological Society. Son œuvre
scientifique est considérable près de 250 publications. Son
herbier antérieur à 1905 a été acquit par l’université de
Harward à Cambridge Massachusetts, le reste est classé dans
l’herbier général du Muséum. Sa fille légua en 1968 près de
trois mille planches de notes, dessins et aquarelles de grande
précision à la chaire de Cryptogamie du Muséum. Un champignon
connu porte son nom l’Inocybe de Patouillard (Inocybe
patouillardii).
M.
Léon MILLER
(7 janvier 1865 au Blanc (Indre) – 24 janvier 1934
à Macornay)
Artiste Peintre, botaniste, minéralogiste,
photographe, spéléologue, il œuvra de longue année au sein du
bureau de la SHNJ. Il publia quelques articles dans le bulletin de
cette dernière notamment sur l’étude des plantes anormales et sur
le polymorphisme des feuilles de lierre. Ami de Gaston BONNIER il a
participé activement à l’aventure de la FLORE ce célèbre
ouvrage ; il fut l’un des peintres qui ont réalisé les
magnifiques planches botaniques. Localement il a exploré la grotte
de Vaux sous Bornay qu’il a reproduit par le pinceau et la
photographie avec l’aide de son collaborateur le capitaine LELEUX.
D’après l’hommage posthume que lui a rendu en 1936 André
PFLEGER (professeur au lycée de Lons le Saunier cf bulletin de la
SHNJ de 1936) l’œuvre de Léon Miller n’a jamais été publié
il laissa à sa mort plusieurs albums (sur le bourgeons des arbres
fruitiers, sur les anomalies végétales, sur les algues d’eaux
douces), plus de 500 dessins de feuilles de lierre pour montrer le
polymorphisme exubérant de cette plante, une abondante réunion de
dessins colorés de coupes microscopiques de tiges , feuilles, grains
de pollen, poils étoilés …etc ., cinq cahiers de dessins
(environ 1500 dessins) de plantes qu’il récoltait ou qu’on lui
apportait, un album de dessins à la sépia de la grotte de Vaux sur
Bornay. Qu’est devenue cette œuvre ?.... Les recherches
auprès des archives départementales n’ont rien données. (lien : Flore Gaston Bonnier et dessins Léon Miller)
M.
Auguste CHATENAY (1877- 1940) :
Il fut secrétaire,
trésorier, vice président, membre du comité technique de la SHNJ
de 1919 jusqu'à sa mort. Entomologiste mais aussi botaniste, Il
était membre de la Société Entomologique de France. Il contribua
activement à l’étude et au recensement de la faune du Jura. A sa
mort sa collection fut recueillie par la faculté catholique de Lyon
qui la versa en 1993 au muséum d’Histoire Naturelle à Paris. Il
publia de nombreux articles entre 1920 et 1936 dans le bulletin
annuel de la SHNJ.
M.
Frédéric BATAILLE (1850 – 1946) :
Éducateur, poète,
fervent républicain, il publie de nombreux ouvrages poétiques. Mais
proche de la retraite dés 1905, il se passionne pour la mycologie,
il fut reconnu nationalement dans cette discipline de par ses
nombreuses communications. Président de la Société Mycologique de
Montbélliard, vice président de la Société Mycologique de France,
il fut aussi membre du comité technique et membre d’honneur de la
SHNJ, il participait régulièrement aux expositions organisées par
cette dernière. Un Clavaire porte son nom Ramaria bataillei.
M. Emile LACHAUSSEE (1899-1966) :
le conservateur des eaux et
forêts Lachaussée était à la fois un forestier et un botaniste.
La plus grande partie de sa carrière s’est déroulée dans le
Jura, à Salins, Arbois puis Lons le Saunier. Président de la SHNJ
de 1946 à 1961, membre de la Société Botanique de France, membre
correspondant de l’Académie d’Agriculture, il a rédigé de
nombreux articles et, dans son activité professionnelle, il avait
adopté la formule de son prédécesseur à l’Ecole des Eaux et
Forêts de Nancy, le directeur Parade « imiter la nature et
hâter son œuvre ». C’est cette observation de la nature qui
lui a permis de codifier dès 1931 ce que l’on appelle le
reboisement par coupe d’abri et de transformer les maigres taillis
sous futaie du Premier Plateau en sapinière ou hêtraie en tenant
compte de l’ensemble des facteurs édaphiques, climatiques et
phytosociologiques.
Deux
articles de référence sur les forêts du Jura lui sont dus :
-
les forêts du Premier Plateau du Jura (Revue des Eaux et Forêts 1942)
-
les associations forestières du Jura français (bulletin de la Société botanique de Genève 1948)
M.
Pierre CHEVASSUS (1897-1984) :
Lauréat de Normale Sup. et
polytechnicien. Colonel du génie, mais attiré dès sa scolarité
par l’astronomie, la botanique… Il épouse en 1933 Lucie,
institutrice originaire du Grandvaux.
En
retraite de l’armée en 1949, il consacre toute son activité à la
botanique et il parcourt la France.
Adhérent
de la Société Botanique de France en 1957, il formera des
botanistes éminents, tel Michel Bidault de Besançon ou André
Charpin de Genève. A Dijon où ils habitent jusqu’en 1960, il
fréquente les Jardins de l’Arquebuse et ses herbiers.
Ce
n’est qu’à cette date, en s’installant à Gevingey, qu’il
adhère à la SHNJ, dont il devient, l’année suivante, président
et cela pour 23 ans. Il multipliera les sorties botaniques et les
expositions, participera aux activités de nombreuses sociétés
scientifiques dans toute la France (notamment à Pontarlier, Oyonnax,
Besançon…) et en Suisse.
Son
herbier contient 14000 plantes de toute la France. Classée
chronologiquement et pour partie selon la Flore de Fournier, chaque
plante est également géo référencée, même si le terme
n’existait pas à l’époque.
Auteur
de nombreux articles très documentés, il a aussi écrit, avec
Lucie, un livre « Fleurs du Jura » publié en 1973.
Il
a participé à l’élaboration de la liste des plantes supérieures
protégées sous la direction du Muséum National d’Histoire
Naturelle.
Avec
son ami, le Général Leleux, il est intervenu sur la connaissance et
la protection du plateau de Mancy, pelouse sèche caractéristique
des plateaux calcaires jurassiens, au dessus de Lons le Saunier.
M.
Henri LELEUX (1900 ?-1985) :
polytechnicien, général
de brigade (génie).
Ce
lédonien était passionné d’entomologie et principalement par les
lépidoptères. Avant l’heure même de l’écologie, il recyclait
les anciennes plaques photographiques en lame porte-objet, et les
vieux calendriers des postes lui servaient de fond pour ses boites de
rangement entièrement faites main.
Sa
propriété de Bellevue, (hélas aujourd’hui largement amputée par
des immeubles) route de Montaigu à Lons était un réservoir de
biodiversité puisqu’il y avait introduit une multitude de plantes
remarquables.
Sa
collection de papillons, constituée localement depuis 1956 était
d’une richesse inattendue. Deux ans furent nécessaires pour les
identifier.
Il
fut le « découvreur » de Mancy qui constitue, pour la
faune de lépidoptères, le biotope le plus xérothermique de Franche
Comté. Zone de passage d’oiseaux migrateurs, le site a pu
bénéficier, pour cette raison, d’apports extérieurs d’origine
méditerranéenne.
Premier
président de la toute nouvelle fédération départementale de
protection de la nature du Jura (ancêtre de JNE) en 1970, il a œuvré
pour le maintien des espaces protégés, constitués par les
anciennes grandes propriétés aux multiples « visages ».
La mainmise d’un urbanisme toujours plus envahissant, prouve
l’absolue nécessité de poursuivre son combat pour le maintien
d’espaces naturels banals au sein des villes.
Il
a également été à l’origine de la protection du plateau (ou de
la côte) de Mancy et de la création du sentier de découverte qui
le parcourait.
Il
n’a pas publié (comme Léon MILLER son maître), estimant n’être
pas assez compétent pour cela. Sous la pression du professeur Réal,
il a toutefois établi « le catalogue des lépidoptères de la
région lédonienne », publié par la station de Bonnevaux en
1977.
Il
a participé à l’établissement du pré inventaire des sites à
protéger en France notamment ceux de la côte de Mancy, de Baume les
Messieurs, de Villars d’Héria, du lac d’Onoz, du lapiaz de
Loulle…. Il fut aussi particulièrement actif dans le cadre du
Comité de liaison pour les recherches éco faunistiques dans le
Jura.
Texte H.T.
Texte H.T.
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